Évolution et tendances du mécénat en France
Le mécénat a trouvé une nouvelle vigueur en France avec la loi Aillagon de 2003 qui encourage, au moyen de dispositifs fiscaux avantageux, les soutiens financiers privés aux causes d’utilité publique. Près de 20 ans plus tard, le baromètre du mécénat montre encore une progression de l’engagement des entreprises pour les actions culturelles et philanthropiques. À quels types de causes profite cette évolution et quelles tendances se dégagent ?
Les grandes tendances du mécénat
En 2020, le bilan de la décennie passée a permis de constater la croissance continue du mécénat, et tout particulièrement de la mobilisation des entreprises : de 2010 à 2019, le nombre d’entreprises mécènes en France a quadruplé, et le budget alloué au mécénat a doublé. Une tendance marquante montre que le mécénat n’est pas l’apanage des grands groupes et entreprises cotées : 96 % des entreprises mécènes sont au contraire des TPE et PME dont les dons n’excèdent pas 5000 euros.
Ces petites et moyennes entreprises contribuent au budget global du mécénat à hauteur de 23 %. Si seulement 3 % des entreprises mécènes sont des ETI et 0,3 % des grandes entreprises, ces dernières représentent respectivement 23 % et 53 % du budget de mécénat global en France. Le sport est globalement le domaine d’actions privilégié par un grand nombre d’entreprises, mais la culture, l’éducation et le social sont les domaines que soutiennent davantage les grandes entreprises.
Ces trois domaines captent donc la majorité du budget global (55%), quand le sport ne représente que 15 % de ce budget. Enfin, le mécénat de compétences est une forme d’engagement qui se développe progressivement, utilisée par 21 % des entreprises. En 2020, sa valeur représentait 11% du budget de mécénat. Cette pratique est souvent liée à une volonté d’inclusion de la stratégie RSE dans la culture d’entreprise.
Le mécénat culturel : quelques chiffres
25 % des entreprises mécènes soutiennent la culture. Les entreprises qui privilégient le mécénat culturel sont les plus grandes entreprises, ainsi que les entreprises franciliennes. Leurs actions visent majoritairement à favoriser la diffusion culturelle, à travers le soutien aux musées et expositions. Le mécénat culturel des TPE est davantage tourné vers la préservation du patrimoine. Le profil des entreprises engagées dans le mécénat culturel est ainsi dominé par :
- Les entreprises de services à 58 %
- Les entreprises d’Île-de-France à 41 %
- Les entreprises de 10 à 19 salariés à 40 % et de 100 salariés ou plus à 35 %
- Les entreprises au chiffre d’affaires de 2 à 50 millions d’euros (PME) à 66 %.[ii]
À noter cependant que les PME représentent aussi 87 % de la part des entreprises mécènes engagées dans le mécénat sportif. Au contraire, les entreprises de taille intermédiaire et grandes entreprises représentent 13 % des acteurs du mécénat sportif, tandis qu’elles représentent 34 % des engagements pour le mécénat culturel.
Les mécènes de l’art contemporain
Le mécénat d’art contemporain est notamment encouragé par les dispositions fiscales favorisant l’achat par les entreprises d’œuvres d’artistes vivants, dans un objectif de partage et de diffusion (accessibilité de l’œuvre obligatoire durant 5 ans pour prétendre à la déduction fiscale). Les grandes entreprises sont les principales actrices du mécénat culturel en ce qu’elles contribuent en la plus large part du budget global de mécénat dédié à la culture en France.
Plusieurs choisissent la régie indirecte avec la création d’une structure dédiée au soutien aux artistes et à la valorisation de l’art contemporain. Parmi les fondations et fonds de dotation incontournables du mécénat d’art contemporain figure ainsi les fondations Cartier, Louis-Vuitton, Pernod-Ricard, ainsi que le fonds de dotation du groupe Weiss.