Le mécénat culturel en France
Cela fait quasiment 20 ans que le mécénat français est régi par la loi Aillagon. La culture a toujours été un des éléments prédominants de l’action des mécènes en France et la santé du mécénat culturel est plutôt bonne. Mais, il est intéressant de se pencher sur la nature même de ce mécénat, par quoi il est concurrencé, comment il s’articule et quelle est sa part réelle. De plus, dans le contexte actuel (pandémie, instabilité internationale, crise économique), quels sont les dangers majeurs qui menacent le mécénat culturel et comment les entreprises mécènes envisagent-elles leurs actions dans les années à avenir ?
La culture reste un des domaines prioritaires du mécénat en France
Parmi les grands domaines qui sont soutenus par le mécénat, la culture garde toujours une place prépondérante. C’est le cas avec la Fondation Weiss créée par le groupe Weiss pour soutenir des artistes émergents. D’ailleurs, dans l’inconscient collectif, mécénat rime avec culture et création artistique, mais le mécénat ne concerne pas uniquement ce domaine.
En réalité, il y a trois domaines prioritaires du mécénat qui sont le social, la culture et l’éducation. Ils représentent à eux seuls, environ 55% du budget global du mécénat et dans cet ensemble, la culture représente à peu près un tiers des budgets, bon an mal an, soit environ 18 % du mécénat total français.C’est en fait la loi LME du 4 août 2008 (Loi de modernisation de l’économie) qui définit le fonds de dotation à son article 140.
En dehors de ces trois domaines, on trouve le sport en bonne place avec 15 % des budgets qui y sont consacrés et juste derrière, la santé qui flirte avec les 14 % des sommes consacrées au mécénat.
Enfin, en dernier lieu, c’est l’environnement qui recueille environ 12 à 13 % des sommes du mécénat annuel dans l’hexagone.
Le mécénat est important en France
Cela fait presque 20 ans que la loi dite « loi Aillagon » votée en août 2003, a instauré les conditions pour encourager et encadrer le mécénat. Grâce à une exonération fiscale très attractive avec réduction d’impôt de 66 % (mais qui a été retouchée en 2020), la culture du mécénat en France s’est largement développée et connaît un succès remarquable qui ne se démentit pas d’année en année.
Aujourd’hui ce sont près de 15% des entreprises françaises qui sont engagées, plus ou moins, dans des actions de mécénat. Le mécénat français a pris différentes formes, notamment dans le domaine culturel, et il agit aussi bien pour financer le spectacle vivant, rénover du patrimoine, promouvoir, héberger et favoriser le travail de certains artistes ou encore aider à de nouvelles acquisitions pour les musées.
Au bout de 20 ans d’action, le mécénat culturel français a aussi bouleversé le paysage des centres d’art en France. Il a permis ainsi l’avènement de nombreux nouveaux lieux et de nouvelles fondations. Avec de plus en plus de fondations qui sont créées un peu partout en France, les créateurs contemporains écrivent un vrai soutien, des lieux d’expression, de même que des lieux pour rencontrer leur public et promouvoir leurs œuvres.
Pour les entreprises, au-delà de l’aspect financier, l’art et la culture sont aussi des moyens excellents de communiquer et de contribuer à l’image de marque de l’entreprise. C’est aussi un moyen de fédérer les énergies à l’intérieur des équipes, de donner un sens à certaines actions et de participer tout simplement à l’évolution de la société.
D’ailleurs, une enquête menée en 2012 a mis en évidence que pour plus de 70 % des entreprises impliquées dans le mécénat, cette action était appelée à être prolongée avec notamment le maintien des budgets dans les années à venir.
Pour 10% des entreprises mécènes, les budgets devraient augmenter ce qui est plutôt un signe très positif en période de crise économique mondiale. Il n’y a qu’un peu moins de 15 % des entreprises engagées qui envisagent de réduire leur contribution dans le futur et seulement 2 % d’entre elles ont prévu de se désengager totalement des actions de mécénat.
Vers une réorientation des budgets de mécénat ?
Il ne faut pas pour autant croire que le paysage du mécénat culturel français est dégagé de tout contretemps ou de tout problème.
La tendance majeure qui affleure dans les enquêtes d’opinion montre que les entreprises auraient l’intention de réorienter leurs dépenses de mécénat.
En effet, la crise sanitaire a démontré des besoins criants en matière de santé et de soutien aux plus faibles. Elle a mis aussi en exergue la préoccupation du grand public sur des sujets fondamentaux comme la solidarité intergénérationnelle, la prévention, la recherche et la constitution de moyens plus importants en matière médico sociale.
Ceci se traduit dans les projets des entreprises mécènes. Aujourd’hui plus de 85 % d’entre elles déclarent vouloir donner plus de priorité au social et à la santé dans le cadre de leurs actions de mécénat et réduire leur contribution dans le secteur culturel. Ces intentions ne se sont pas encore traduites dans les chiffres, mais le mécénat culturel doit donc se renforcer ou trouver de nouveaux donateurs pour pallier à la défection de certains ou à la réduction de volumes budgétaires.